Duo Imaginogène
La musique imaginogène est un regard particulier sur certaines musiques qui portent à la rêverie. C’est l’aspect « production d’images » qui nous intéressent là. Il est donc possible que certaines musiques soient imaginogènes, ou bien que certains musiciens soient imaginogènistes sans le savoir. Il est évident qu’il s’agit d’un a-priori artistique et que les critères de la musique imaginogène répondent aux exigences de quelques créateurs dans ce domaine. Pour ce qui concerne les initiateurs, Pesce et Montanaro, il s’agissait de se sortir d’une problématique constante qui était « Quelle musique voulons-nous faire, comment la nommer ? pourquoi ? Comment s’émanciper des « genres » musicaux imposés par la fonction sociale et le consumérisme ? Comment répondre lorsqu’on nous demande quelle musique faites-vous ?»
Pesce venait du jazz avec une culture italo-niçoise, Montanaro venait de la musique traditionnelle provençale avec une volonté d’ouverture manifeste sur les musiques du monde, la musique improvisée, la création. La rythmique funky à la guitare jointe à une farandole au galoubet/tambourin n’était qu’un collage artificiel qui ne satisfaisait ni l’un, ni l’autre. Finalement, la solution a été trouvée à travers la littérature. Jean Giono plus exactement. Puisqu’on parlait de Provence et que Giono revendiquait une Provence imaginaire, la « mise en musique » du livre « Le grand troupeau » a permis de faire naître la première pièce imaginogène. Une pièce de 6 minutes et 36 seconde qui évoque l’univers du livre de Giono à travers l’imaginaire de deux musiciens. (disque « imaginogène » nord-sud 5ème titre). Le reste a suivi. Il y a au col de Vence, dans les Alpes Maritimes, un endroit appelé « Village nègre ». On l’appelle ainsi car il s’agit d’un ensemble de pierres taillées par l’érosion qui s’assemble comme des huttes. Outre l’aspect assez peu politiquement correct de l’appellation de cet endroit, il est évident que ceux qui l’on nommé ainsi on fait preuve d’imagination et de poésie. C’est un endroit qui porte à l’imaginaire et à la fantaisie, ainsi, il était normal qu’il devienne une seconde pièce Imaginogène dans le disque (pièce 1 « Village nègre »). Puis le reste a suivi. D’autre pièces ont vu le jour répondant à l’esthétique et au mode opératoire Imaginogeniste. Les deux compères, Pesce et Montanaro en ont rencontré bien d’autres chacun de leur côté. D’autres concerts, d’autres disques sont nés : Miqueù Montanaro/Alan Vitous « Adventures » (chez Nord-Sud), Yves Rousguisto/Serge Pesce « Silence de faunes » (Autoproduction Zuzurelone), Serge Pesce solo « L’Odore del caffè » et « Et de la menthe sauvage » (chez Nord-Sud). Puis d’autres musiciens se sont emparés du vocable « musique imaginogène », aussi bien dans la musique traditionnelle ouverte (André Minvielle) que dans la musique électronique (Solenoïde).