Suite à sa lecture des haïkus du soldat drômois Julien Vocance, Baltazar Montanaro a composé une dizaine de morceaux, dont les mélodies sont nées grâce au rythme et aux impulsions données par les mots et les phrases du poète. Le texte est à la base de la construction musicale car il donne la couleur et le tempo, en harmonie ou en opposition avec le jeu instrumental. Les haïkus du poète-soldat sont portés par la voix d’une femme, qui par sa présence scénique imposante et son interprétation, parvient à redonner à ces mots, écrits il y a 100 ans, toute leur portée contemporaine pour dire des maux, toujours actuels.
Orchestrées collégialement par Grand Petit Animal, ces mélodies se dévoilent comme une fresque sonore : les tableaux vivants et visuels se succèdent, telle une histoire. Une place centrale est laissée pour l’improvisation, les glissements, les explosions et les silences, qui renforcent la puissance et la profondeur des mots. Le spectateur assiste à une véritable performance musicale et poétique, résolument moderne et électrisante.
Les musiciens sont issus du jazz, des musiques actuelles et musiques savantes, mais possèdent tous une connaissance approfondie des musiques traditionnelles et de leur creuset rural. Ce spectacle tend à trouver un écho dans différentes sphères esthétiques car tout en étant véritablement sans complaisance, il touche des publics divers.
“Bouleversante performance de Grand Petit Animal qui reprend cent haïkus du poète Julien Vocance édités en 1916, thème de la guerre, du sang, des tranchées, de l’horreur absurde du conflit mondial dont on célèbre la fin cette année ; la formation du violoniste Baltazar Montanaro arpente des territoires musicaux nouveaux, où jazz, musiques du monde et celles dites savantes croisent leurs formes et leurs sonorités, arrachements exacerbés, métaphores de batailles et de morts, terres et hommes broyés en une même tragédie…” Journal Zibeline – Mai 2018
*Julien Vocance (1878 – 1954), pseudonyme de Joseph Seguin, était poète et collectionneur d’art fasciné par le Japon. Licencié en droit, en lettres et diplômé de l’Ecole des Chartes, de l’École du Louvre et de Sciences-Po, il publia en 1916 les « Cent visions de guerre » qui furent composées au front, dans la boue des tranchées, où le poète perdit l’oeil gauche.